Transmettre à sa famille et éditer ses mémoires de la Shoah

La difficulté de témoigner sur la déportation et la Shoah

Votre Biographie Editions a édité plusieurs témoignages directs des survivants de la Shoah dans les années 2000 mais quasiment plus aucun depuis 2015. Ces textes n’aboutissent pas toujours car les témoins sont partagés entre le devoir d’une mémoire à transmettre et la peur d’horrifier leur famille, surtout leurs jeunes descendants. Les rescapés des camps qui effectuent les démarches eux-mêmes ont beaucoup plus de chance de parvenir à leurs fins. Evidemment, il vaut mieux qu’ils aient accompli ce travail de mémoire de l’Holocauste au préalable et raconter le récit de leurs souffrances à des proches ou des professionnels de l’écoute (historiens spécialisées, psychologues, etc.)

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Dans les cas que nous traitons en majorité, ce sont les enfants voire les petits-enfants qui sont à l’origine de la démarche. Ils ont très envie de savoir les circonstances de la déportation, connaître l’histoire vécue de leur grand-père ou de leur grand-mère dans les moindres détails. Ils veulent mettre des mots, des images, sur ce qu’ils imaginent depuis leur enfance. Ils en ont assez de vivre avec un passé sans contour. Ils veulent connaitre l’histoire vraie de ces témoins hors norme et poser des formes précises sur ce qu’ont enduré les Juifs dans ces camps de la mort.

Par ailleurs, et même s’ils se doutent que leur aîné risque de traverser des moments de turbulence en se confiant à un biographe pour raconter les détails de leur vécu, ils ont la conviction que ce travail de témoignage va faire beaucoup de bien à leur grand-père ou leur grand-mère qu’ils chérissent tant.

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Depuis une dizaine d’année, les témoignages des rescapés de la Shoah se sont faits de plus en plus rares. Il demeure des survivants, naturellement, mais ils étaient trop jeunes à l’époque et n’ont pas conservé de souvenirs assez précis pour les raconter, et encore moins les écrire et les éditer. Sans doute sont-ils devenus également trop faibles physiquement pour se lancer dans ce travail de mémoire éprouvant.
Pour les siens, le survivant Paul Bachman a lui aussi voulu raconter et écrire son récit hors norme, celui d’un petit garçon juif de huit ans plongé, seul, dans l’enfer du camp d’extermination. Malheureusement, ce rescapé a du abandonner très rapidement l’écriture avec son biographe tant l’exercice des souvenirs lui était impossible à surmonter. Il n’aura pu transmettre que quelques lignes d’un livre d’une vingtaine de pages.

Le livre exceptionnel d'un rescapé de la Shoah

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Certains récits de témoins que nous avons édités avec Votre Biographie Editions ont été publiés chez Transversales Editions et présents encore aujourd’hui à la librairie du Mémorial de la Shoah à Paris. C’est le cas de l’ouvrage de Charles Naparstek, intitulé J’ai vécu l’extermination des Juifs d’Europe au « Canada ». Charles Naparstek est resté trois ans à Auschwitz-Birkenau. Pendant deux ans et demi, il a fait partie du « Canada ». Ce commando spécial et peu connu, composé d’une centaine de détenus seulement, avait été créé par les S.S. dans le but d’organiser le pillage et le stockage des affaires des déportés à leur arrivée au camp. Le « Canada » ou « État d’abondances » regorgeait de richesses en tout genre : bijoux, argent, victuailles, chaussures…
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Souvent décriés par d’anciens déportés du camp d’Auschwitz, les membres de ce commando ont pourtant sauvé des centaines de vie et pris des risques. Sur la rampe, par exemple, ils sauvèrent la vie de jeunes femmes en leur arrachant l’enfant qu’elles serraient dans leurs bras. Toutes celles qui ne voulurent pas s’en séparer périrent quelques heures plus tard dans les chambres à gaz.

Charles Naparstek avait toujours refusé d’écrire un récit sur sa déportation. Soixante ans plus tard, il a décidé de libérer sa parole. Son témoignage transperce les pages de ce livre. Il est brut, présent et vivant. Essentiel.