Les activité pour seniors sont très nombreuses, d’autant plus diverses et variées que la simplification d’Internet leur donne accès à un espace quasi illimité de jeux et de passe temps en tous genres. Outre les jeux de société comme le scrabble, le bridge, les échecs mais aussi les activités en plein air comme les marches rapides (ou la marche simple), le vélo amis aussi les activités culturelles innombrables lorsqu’ils habitent en ville. Parmi toutes ces activités qui se présentent aux seniors, jeunes ou plus vieux, c’est-à-dire de 60 à 85 ans environ, dans le groupe des activités culturelles, l’autobiographie s’impose aussi comme un excellent moyen de passer agréablement son temps.
Sur le plan cognitif, la valeur ajoutée est immense. Bon nombre de psychologues et psychiatres recommandent cet exercice s’il est correctement réalisé. Il peut s’agir d’un profit bien plus élevé qu’un jeu de société. Bien sûr, il faut à tout prix éviter les blocages, les syndromes angoissants de la feuille blanche, il s’agirait à ce moment d’une activité frustrante et l’effet serait contre-productif.
En fait, deux cas de figure se présentent au senior qui souhaiterait se lancer dans l’aventure. Premièrement, l’écriture d’une autobiographie sans aide, juste une relecture de temps en temps par des proches. Deuxièmement, l’écriture d’une autobiographie assistée avec un écrivain biographe.
Un loisir intense: l’écriture d’une autobiographie sans aide
Dans ce cas, le senior se lance seul dans l’écriture des souvenirs de sa vie. Mieux vaut suivre un modèle classique c’est-à-dire une narration chronologique simple. Il faut planter un espace et un lieu bien ciblé, année après année. D’abord les premiers souvenirs, les relations avec les parents, le décor familial. En général, les souvenirs d’enfance et de jeunesse prennent la part la plus importante du récit. Il est donc fondamental de prendre le temps de revenir souvent sur les souvenirs. Les écrire, puis les relire sans cesse semble une bonne idée pour générer les réminiscences, faire jaillir les souvenirs enfouis, très lointains. ne pas chercher à vouloir impressionner, il ne s’agit pas de produite un texte culturel.
C’est avec une certaine délectation que l’on revit ses premiers baisers, les flirts de l’adolescence, les amitiés passionnées, les rêves impossibles mais aussi les conflits avec les parents, les jalousies et les désirs qui paraissaient insurmontables à contrôler à l’époque. Les images reviennent, les unes après les autres, la chronologie se met en place.
L’idée d’écrire un livre de souvenirs n’est pas neutre. Sans que l’intéressé s’en rendre compte forcément, il s’agit de poursuivre un objectif précis. Nombre de psychologues avec lesquels nous avons discuté de ce sujet nous le confirment : inconsciemment ou pas, on écrit d’abord pour soi, dans une démarche plus ou moins thérapeutique. Peu importe le stade, avancé ou pas, de la thérapie de l’individu, l’écriture va l’aider dans son travail de mieux être. Nous sommes très loin des parties de bridge ou de scrabble !
L’édition d’une autobiographie à l’aide d’un écrivain biographe
« Il est étonnant de constater à quel point nos clients seniors éprouvent du plaisir à se replonger dans leurs souvenirs de jeunesse. Qu’ils s’agissent de souvenirs heureux ou malheureux, dans les deux cas, nos clients ressentent une forme de réparation. », indique Sébastien Moreau, gérant de Votre Biographie Editions.
On se rappelle bien les visages, les lumières et les lieux mais qu’il est difficile parfois de les faire réapparaître sur la feuille, la page blanche de l’ordinateur. Rien ne vient, c’est le vide absolu. Ecrire seul ses souvenirs peut devenir un problème si la frustration et la colère l’emportent lorsque le constat de la relecture s’avère négatif. Ce que vous découvrez sur l’écran peut vous paraître très laid. D’abord parce que les mots sont surlignés de toutes les couleurs dans la page : rouge, bleu, vert… Word vous fait remarquer que vous avez mal tapé vos mots. Ceci n’a aucune importance mais cela s’avère démoralisant.
Donc, la première action de l’écrivain qui va corriger le texte d’un senior consistera à supprimer au maximum toutes ces couleurs en corrigeant vos fautes de frappe, les fautes d’accords de liaison, etc. Ensuite, deuxième action, vous allez effectuer ensemble la relecture en vous posant une seule question : est-ce compréhensible ? Troisième étape, le style. Votre message est clair désormais mais vous avez l’impression de lire le texte d’un enfant de cinq ans, pire, celui d’un inculte ne maîtrisant que trois cents mots de vocabulaire. C’est à ce moment que la technique d’écriture de l’écrivain biographe va véritablement devoir s’employer. Pour transformer ce que vous avez écrit en texte agréable à lire.
Mais il ne faut pas croire que ce texte plaira à tout votre entourage. Peut-être en serez vous le seul lecteur, ce n’est pas grave. Ce qui compte, c’est votre engagement dans l’écriture, la production de matière écrite, une forme vivante que vous aurez toujours la possibilité de revoir, de parfaire.
Les souvenirs d'enfance
Loin de narrer avec sensibilité les émotions de l’enfance, il s’agit de revenir sur des actes, des moments clés de la vie. Pour de nombreux clients nés pendant ou juste après la guerre, les actes comptent bien plus que les mots. Il est donc naturel pour eux de relater les faits avec le plus de précision et d’honnêteté, sans s’appesantir sur une tentative de description des sensations, des émotions vécues.
Parmi les activités de loisir pour seniors, l’écriture se présente sans doute comme l’une des plus difficiles mais aussi la plus gratifiante. « Écrire sa biographie ne m’aurait jamais traversé l’esprit. Je suis quelqu’un qui avance, qui fonce même, pas le genre de bonhomme à me retourner sur le passé et encore moins à me complaire dans la nostalgie. Et pourtant voilà, je me mets au récit de ma vie, à des confidences bien intimes que je me pensais bien incapable de livrer », déclare ce septuagénaire dans le prologue de son ouvrage.
« Tant que les mots viennent, tout est encore possible. Rien n’est plus compliqué que des mots qui ne surgissent que par petites bribes. Tant que le flux est continu, la narration va se dérouler sans accroc et le texte sera agréable » explique Stéphanie, notre écrivaine de Marseille.
On se replonge dans le décor de son enfance. L’immersion des seniors est complète et profonde, elle dure le temps nécessaire à faire revenir tous les détails. « Si l’enfance avait dû définir l’homme que j’allais devenir, j’aurais été de ces misérables qui ne trouvent pas de place dans le monde. Mes premières années au sein d’un foyer pauvre, les suivantes dans un internat autoritaire qui m’a marqué à vie, ne laissaient rien présager de bon pour mon avenir. Mais heureusement pour moi, mon tempérament sportif, mon amour de la vie, mes amis – mes frères et sœurs – carcéens m’ont permis d’éviter les mauvais chemins. Et la rencontre de Thérèse a fait briller le soleil dans ma vie en me permettant de connaître les joies d’un vrai foyer. Ce livre est là pour retracer l’histoire d’un oiseau tombé du nid à qui l’amour et l’amitié ont su redonner des ailes » raconte André Riot dans son ouvrage passionnant et très touchant « Le soleil a fini par briller ».
Des ateliers d'écriture en résidence seniors
Ces activités pour seniors ont naturellement toute leur place dans les résidences pour personnes âgées, les Ehpad. Ils peuvent être orchestrés par un animateur en gérontologie et un écrivain biographe.
Nous avons déjà réalisé un projet éditorial très important dans ce style. Le projet « Souvenirs en Abondances : le bon temps » est né de la rencontre entre le centre “Les Abondances”, plus grand centre de gérontologie des Hauts-de-Seine (480 lits), Transversales Éditions, maison d’édition spécialisée dans la transmission de la mémoire (collectivités et particuliers) et la mairie de Boulogne-Billancourt. Plus de quarante témoins ont participé aux interviews qui ont duré six mois. Bien plus qu’un projet éditorial, ce livre de mémoires a eu pour vocation de créer un mouvement culturel au sein du centre “Les Abondances”, à travers les échanges entre un artiste et des hommes et femmes de générations différentes. Cette place inédite de la parole a favorisé la création d’une œuvre originale et collective.
Plus qu’un projet éditorial de culture, ce livre de mémoires doit relancer l’animation et les échanges au sein d’un centre désirant être un lieu de vie avant tout. Un regard à triple niveau : le regard des personnes âgées sur elles-mêmes, le regard du personnel soignant sur les personnes âgées et le regard des familles sur leurs aînés. La direction du centre ainsi que le sénateur et maire de Boulogne Billancourt Jean-Pierre Fourcade souhaitent également faire lire l’ouvrage dans les petites classes des cours élémentaires.
L’idée première du livre consistait à recueillir au quotidien les souvenirs des résidents, autour d’une thématique donnée : les loisirs. Les résidents participants ont été retenus sur la base du volontariat et choisis par le service animation du centre de Gérontologie. Menées par l’un de nos écrivains, les interviews se sont déroulées au sein de l’établissement, de mars à septembre 2004. Les échanges ont été d’autant plus fructueux que notre écrivain, Alain, exerce également le métier de comédien. Il a mené tous ses rendez-vous en leur donnant un air de fête.
Ce projet de culture a eu un impact immédiat sur le mieux-être des personnes de la résidence seniors. Dans la vie quotidienne des résidents, ce projet a occupé l’espace et le temps, donnant un sens au rendez-vous donné, à la rencontre pour laquelle on se prépare, dont on se souvient, dont on parle… Une exposition réalisée à partir des textes et des photos du livre est venue ponctuer l’achèvement de l’ouvrage à la fin du mois de novembre 2004.
L’impact sur le mieux-être des personnes âgées s’est joué autour du regard et de l’estime de soi : présence, attention à l’autre, sentiment d’être respecté pour ce que l’on est aujourd’hui et ce que l’on a été hier, nouvelle sensation d’exister, expression des émotions…
Un regard à triple niveau : les personnes âgées sur elles-mêmes, le personnel soignant sur les personnes âgées et les familles sur leurs aînés.
Le livre a eu un rayonnement au-delà du centre, parmi les familles des résidents mais aussi au sein des écoles de la ville. Traces d’un chemin parcouru jusqu’à nous, les souvenirs de nos anciens n’ont laissé personne indifférent, spécialement les plus jeunes. La Fondation Nationale de Gérontologie et le Groupement des Animateurs en Gérontologie ont soutenu le projet dès le début. Au total, plus de mille exemplaires ont été édités et distribués aux familles et aux partenaires. Certains ouvrages ont été vendus dans la ville de Boulogne Billancourt, distribués par la mairie.