Choisir les témoins relais et recueillir les témoignages individuels
Concevoir un projet de livre de mémoire collective revient donc à se demander pourquoi on le fait et à qui nous l’adresserons et accessoirement, cette question venant en dernier, comment on envisage de l’élaborer. Pourquoi est la première question. A l’occasion d’un anniversaire (les 50 ans de l’association), du départ à la retraite du dirigeant fondateur ou tout simplement parce que l’équipe de communication sent que c’est le bon moment (dans l’air du temps), se pose la question de la transmission des valeurs. Le moment est-il venu de raconter l’histoire de la collectivité ? De transmettre les anecdotes, les secrets, les savoir-faire… Le moment est-il venu de mettre en contact les anciennes générations et les générations actuelles.
Globalement, le but consiste donc à faire un point sur l’activité. Montrer (ou démontrer) d’où l’on vient, ce que l’on a partagé ensemble. Faire ensuite la photo de ce que nous sommes aujourd’hui, à un instant t. Projeter, en dernier lieu, ce vers quoi nous aimerions tendre, tous ensemble, en tant que collectivité.
Les acteurs historiques sont appelés « témoins relais » dans le jargon de Votre Biographie Editions parce que leur parole n’est pas seulement un témoignage, elle prend également la forme d’un relais confié aux plus jeunes, ceux qui ne sont pas encore complètement imprégnés de la culture de la structure dans laquelle ils évoluent. Et attention, il ne faut pas croire que ces « témoins relais » n’occupent que des postes identiques : ils se retrouvent à tous les échelons, du simple employé ou agent (fonctionnaire) au dirigeant.
Les thèmes (ou chapitres) du livre sont définis par les lieux et les événements incarnant le plus la mutation de la collectivité ou de l’entreprise. Les témoins sont choisis pour la pertinence de leur vécu autour de ces thèmes. La réflexion autour du choix des « témoins relais » s’opère avec le ou les chefs de projet au sein de la collectivité et l’équipe de Votre Biographie Editions, c’est-à-dire l’éditeur et l’écrivain biographe.
Dans les petites entreprises (moins de 50 salariés), le projet est le plus souvent conduit par le dirigeant fondateur lui-même. C’est lui qui va ensuite choisir ses propres témoins, en lien avec la direction de la communication ou le responsable des ressources humaines. Pour de grosses PME (de 100 à 250 salariés), les chefs de projets sont choisis au sein de la direction de communication. Et lorsqu’il s’agit des entreprises de taille importante (plus de 1000 salariés), c’est systématiquement la direction de la communication interne qui s’en occupe.
Au sein des maisons de retraite, l’animateur se présente comme le chef d’orchestre incontournable. Il peut travailler en binôme avec les auxiliaires de vie mais dans tous les cas, il valide les thèmes que lui propose notre écrivain biographe et choisit lui-même les « témoins relais ».
Ecrire les mémoires des témoins et les articuler dans les chapitres du livre
Il est important de faire attention à la sensibilité de chacun dans le choix des témoins. Certaines personnes ne voudront témoigner en aucun cas, d’autres, au contraire mourront d’envie de raconter leurs anecdotes, toujours au présent ! Il faut être attentif à chaque demande car elle est particulière, singulière. Une même action importante, tel jour, aura été vécu différemment dans le coin nord-est du bureau que dans le coin sud-ouest. Des paroles fortes d’un manager en réaction à une situation de crise auront sans doute glissé sur telle ou telle personne mais en aura durablement affecté une autre.
Pour un projet de ce genre, le travail consiste aussi à optimiser les témoignages. Un témoin qui parle beaucoup en répétant ou en ânonnant qui revient sans cesse sur ce qu’il a dit pour en assurer la véracité ou l’authenticité, constituera forcément un témoin compliqué pour l’écriture du récit. L’écrivain biographe passera beaucoup plus de temps avec son texte. L’idéal sera ce témoin parlant au présent, racontant son anecdote sans filet, sans arrêt, livrant l’histoire avec le maximum de vie, d’intensité.
Comment fonctionne la mémoire collective en Ehpad ?
Dans l’un de nos ouvrages réalisés pour un Ehpad, une maison de retraite de taille importante (supérieure à 300 lits), nous avons eu l’agréable surprise de constater le double bienfait de l’édition d’un livre de mémoire collective. Il y a eu la phase de collecte, bien sûr, qui a mobilisé le service gérontologie, les malades, le personnel, les infirmières, les auxiliaires, mais aussi les familles des résidants, etc. Il y a eu surtout l’édition et la diffusion de l’ouvrage imprimé dans l’Ehpad.
La directrice de l’établissement a eu la brillante idée, conjointement avec la directrice de la maternelle située à une encablure, de proposer et d’organiser une petite visite des enfants dans un local partagé et décoré aux couleurs du livre. Il était ainsi possible de visualiser des doubles pages en grand format sur les murs. Quelle fierté pour les papys et les mamys qui avaient participé aux témoignages de se voir en tête d’affiche ! Les enfants leur posaient plein de questions, ils étaient tellement fiers de pouvoir y répondre.
Certes, tous les résidents de l’Ehpad n’auraient pas pu participer. Ce genre de projet ne concerne sans doute guère pas plus de 20 ou 30 % des résidants. Il n’empêche, cela crée de la vie, de l’animation et du lien avec l’extérieur. Tout le monde est mobilisé.