Choisir l'écrivain biographe idéal pour confier ses mémoires
Au cours d’une vie, vers la cinquantaine ou un peu plus, il devient parfois impératif, voire vital, de faire un point sur son passé, ce qui a été vécu dans l’enfance ou l’adolescence. Raconter sa vie, c’est aussi entamer une démarche de mieux-être. En prenant du recul sur soi et sur son passé, on se projette mieux dans l’avenir. Quelle chance ! À 60 ou 70 ans, on découvre qu’on a encore beaucoup de choses à accomplir dans cette vie ! Qu’une psychothérapie ait été entamée ou non, cet exercice peut se révéler assez périlleux et il ne vaut mieux pas s’en occuper tout seul.
Avant de passer à l’action, il faut se demander pourquoi et pour qui nous voulons écrire ? S’agit-il de transmettre un simple message ? S’agit-il de se libérer émotionnellement ? Dans ce cas il n’est pas nécessaire de recourir à l’aide d’un écrivain. Ou, troisième possibilité, s’agit-il de sensibiliser les lecteurs à un sujet particulier ?
Révéler la lumière de son passé peut prendre deux formes. Soit il s’agit d’un texte exhaustif, un récit autobiographique complet, soit l’auteur peut préférer ce que l’on appelle un récit romancé c’est dire des tranches de vie, des séquences plus ou moins développées mais écrites dans un style travaillé.
Pourquoi l'écriture se révèle un outil efficace ?
« Ce qui est écrit demeure à jamais, pour la nuit des temps », « Les paroles s’envolent, les écrits restent »… les citations concernant la supériorité de l’écrit sur la parole ne manquent pas. Aujourd’hui, il est devenu évident que le recours à l’écriture demeure la meilleure des solutions pour s’aider soi-même à intégrer sa propre histoire. Mais aussi à la faire partager aux autres. Le texte étant par définition immuable, les mots doivent donc être d’une précision parfaite. Pour comprendre, faire la lumière mais surtout, se révéler à soi-même la vérité vécue, rien ne vaut le texte écrit par soi-même. L’écrivain a beau être un auteur, il n’interviendra évidemment jamais pour se mettre en scène lui-même. En tant que biographe, sa vocation consiste seulement à encadrer le jaillissement des souvenirs de son confident. D’une certaine manière, l’auteur de ce genre de biographie incarne une sorte de miroir, un peu à la manière d’un psychanalyste.
Prendre son temps pour choisir l'écrivain biographe
Choisir le biographe idéal peut être une longue étape. Il ne faut pas lésiner sur cette étape, elle est, de loin, la plus importante car la confiance se doit d’être totale. La première rencontre avec son auteur n’est jamais facturée, si possible elle a lieu au domicile du client, dans un univers qui lui est familier et où il se sent à l’aise. Un endroit où il pourra convoquer aisément tous les souvenirs matériels à montrer, à partager avec son écrivain. Il peut s’agir de bibelots, de tableaux, de dessins mais surtout de photos. Il peut être utile de vérifier l’expérience de son écrivain biographe. Combien de livres a-t-il écrit ? Certains de ses textes ont-ils été publiés ? Depuis combien d’années exerce-t-il ce métier ? Il est possible de demander à parcourir certains de ses manuscrits.
Il s’agit de se découvrir à soi-même, de se révéler, en compagnie de son écrivain, pour faire sortir une vérité vécue, y voir plus clair sur un moment trouble de son existence ou faire la lumière sur un traumatisme demeuré flou. Dans ce cas, l’auteur apporte la neutralité et le recul nécessaires à l’émergence de la vérité. L’écrivain doit être perçu comme un complice bienveillant, une personne qui va dérouler le fil de la mémoire et rédiger un texte au fur et à mesure. Il va savoir créer un climat de confiance qui, au gré des rencontres, va permettre de faire remonter à la surface les souvenirs les plus enfouis.
Concevoir et élaborer un texte réparateur et apaisant
Les séances d'enregistrement
Le contexte des rendez-vous (lieux, fréquences…) sera déterminé lors du premier entretien. Seul compte le temps d’interview stricto sensu (enregistrement) dans ce qui est facturé. Le temps de présence de l’auteur en compagnie du client n’est pas comptabilisé dès lors que l’enregistreur est éteint. Il est très rare de pouvoir se confier sans aucune interruption, quelques moments de respiration sont nécessaires. C’est l’occasion de prendre un café, de parler de la politique, de la météo mais aussi d’échanger quelques informations pratiques… Naturellement, il n’est pas question d’enregistrer la matière orale qui n’a pas vocation à être intégrée dans le livre. « Avant le démarrage des séances d’entretien, les clients ne se rendent pas compte à quel point il peut être fatiguant de raconter ses mémoires, de puiser dans sa mémoire et d’en extirper une histoire audible et compréhensible », explique Alain, écrivain chez Votre Biographie Editions et Transversales Editions depuis 2004.
Après chaque rendez-vous, l’auteur renvoie le texte issu de l’interview réalisée. C’est à ce moment que la mémoire se consolide, c’est là que l’individu se renforce vraiment, se répare entièrement. Ce qui n’étaient que rêves, ressassements, lointains souvenirs, réminiscences approximatives deviennent une réalité concrète, une vérité absolue. Car ce qui est écrit de ce qui nous constitue de manière intrinsèque semble tellement plus structurant pour la reconstruction de l’individu. Et ce, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un livre.
L’une des clés de la réussite d’une biographie repose sur l’honnêteté. Le narrateur se doit de raconter la vérité, de décrire ce qu’il a vécu en toute honnêteté. Plus le client se révèle sincère, plus le texte sera puissant, plus les lecteurs adhèreront au récit et ressentiront de la sympathie pour l’auteur. C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur d’aborder des sujets difficiles ou intimes. Une biographie ne constitue pas uniquement un récit chronologique, elle inclut également des sentiments, des révélations intimes et une vision du narrateur. Et si le client a l’impression de dépasser les limites de ce qu’il peut dévoiler, le biographe usera de son expérience pour modérer, tempérer les propos.
De la première mouture au texte final et l'édition du livre
Après trois ou quatre heures d’enregistrement, l’écrivain est en mesure de présenter une première mouture à son client. En la relisant, ce dernier se rappelle de nouveaux détails, des évènements qu’il avait complètement oubliés ! La fois suivante, lors du prochain rendez-vous, il en fait part à son auteur et le récit s’enrichit encore plus. Pendant que le récit s’étoffe, l’ensemble du contenu se structure en chapitres, les grandes étapes apparaissent et l’ensemble se présente de manière plus claire.
Arrivée à cette première étape d’une élaboration de texte relativement conséquente, l’auteur pourrait choisir de peaufiner son expression écrite, optimiser le texte. Mais il s’agit d’un piège dans lequel il ne va pas tomber. Car, s’il possède de l’expérience dans ce domaine, il aura le sang froid de ne pas retoucher le style. Au contraire, à ce stade, il convient d’enrichir davantage le texte, de le nourrir encore plus de substance, de détails, d’épisodes enfouis dans la mémoire du narrateur. Il faut laisser reposer, le temps que l’inconscient se manifeste, que les rêves se réveillent, ne manquant jamais de perturber leur auteur. Mais ce n’est pas grave car le biographe agit comme un veilleur, un « bienveilleur » plus exactement ! Il patiente le temps qu’il faut pour avoir la certitude d’avoir parfaitement récolté toute la matière correspondant aux souvenirs conscients et inconscients de son client. Certes, cette attente peut parfois durer longtemps mais elle est nécessaire. « Lorsque Marie, mon écrivaine, m’a montré cet amas de chapitres, certes bien structurés, mais assez brouillons dans leur style, j’ai cru qu’elle avait loupé quelque chose, je me suis prise à douter de notre collaboration. Mais à la toute fin, lorsqu’elle m’a rendu le manuscrit après y avoir intégré plusieurs retouches stylistiques dont elle a le secret, je me suis retrouvée avec un texte de toute beauté dont je suis tellement fière. Les larmes me sont montées et je n’ai pas pu m’empêcher de l’embrasser chaleureusement ! », explique Carole qui a édité son livre chez Votre Biographie Editions puis l’a ensuite publié chez Transversales Editions.
Écrire sur son passé nécessite de la vulnérabilité, de l’authenticité mais attention nul n’est obligé de tout révéler. Il faut respecter les limites personnelles de chacun. Il existe néanmoins des solutions. Si certains passages de la vie se révèlent trop intimes, voire gênants, il peut valoir la peine de les transformer un peu, de les édulcorer en quelque sorte. Et surtout ne pas hésiter à romancer ces tranches de vie, à les faire entrer dans le monde de la fiction. L’écrivain biographe aura naturellement toute sa légitimité pour apporter sa plume professionnelle et aguerrie. Et si votre histoire implique d’autres individus, il est possible de modifier les noms propres ou demander au préalable leur acceptation aux personnes concernées.
Enfin, il est important de relire plusieurs fois le texte traitant des sujets sensibles. Là encore, le recours à l’écrivain biographe professionnel sera d’une grande utilité. Ensemble, narrateur et auteur pourront décider des formes définitives à donner à ces textes très sensibles. Peut-être décideront-ils de les couper ? Peut-être préfèreront-ils les modifier pour qu’ils soient acceptables par tous ?