Comment définir un livre de vie ?

Comment aborder la vie dans le cadre de la biographie d'une personne ?

Comment définir le livre de sa vie revient à se demander ce qu’est la vie, comment nous la définissons. Le plus simple, ce que nous entreprenons quasiment chaque fois, consiste à traiter la vie dans les principales périodes : les parents et les grands parents, l’enfance, l’adolescence et vie adulte. En général, nos clients passent beaucoup de temps à nous parler de leur éducation, des valeurs morales qu’ils ont reçues. Pour eux, la partie la plus importante, celle qu’ils ont envie de traiter le plus en profondeur, concerne donc leur enfance. Sans tomber dans les influences psychanalytiques, on peut affirmer qu’un enfant tout puissant sommeille en chaque adulte.

Comment la vie était elle à cette époque, mais aussi celle des gens avec qui le narrateur a été en interaction ? Autre question importante : sur quelles valeurs les parents et grands-parents ont-ils bâti leur éducation ?

Il n’est pas rare que certaines personnes accordent plus de la moitié de leur texte à la description de leur enfance. « En moyenne, il faut compter une heure d’interview par dizaine d’années », note Daniel Aujoulat, écrivain biographe ayant réalisé plus de 150 ouvrages chez Votre Biographie Editions et Transversales Editions.

Définir une vie dans un ouvrage autobiographique, c’est donc d’abord, définir l’enfant que nous étions. Pour ce faire, il faut exercer sa mémoire, accomplir un travail cognitif assez important. L’idée revient à tenter de retrouver son premier souvenir. A partir de là, d’autres souvenirs plus anciens pourront revenir à la surface. Il suffit d’écrire au fur et à mesure, de noter les détails et les anecdotes puis de les relire pour que de nouveaux souvenirs reviennent. On peut aussi solliciter les rêves ou accomplir une forme de travail hypnotique avec l’écrivain biographe s’il en maîtrise les rudiments. Quelque soit la technique, il faut être prêt à se donner en toute honnêteté.

Mais certains clients ne tiennent pas à travailler selon ce mode chronologique, ils préfèrent traiter trois ou quatre grandes thématiques de leur vie et faire l’impasse sur leur enfance. Il peut s’agir par exemple de la création de leur entreprise, de la vie à la ferme, d’une passion sportive, d’une lutte contre une addiction, des techniques de mieux-être, d’un dépassement de soi, etc. Quel que soit le thème, la vie se définit donc par un ou plusieurs thèmes, des cadres bien déterminés.

Pour mettre toutes les chances de son côté, être sûr que sa descendance va avoir du plaisir à lire, il faut veiller à partir d’une anecdote, l’écriture d’une action puis à la traiter dans sa globalité, sans oublier le moindre petit détail. Voici un très bon exemple : « Je me souviens d’un accident d’automobile dans la voiture de ma grand-mère. Je devais avoir six ou sept ans. C’est tellement lointain ! Nous étions arrêtés au coin de l’avenue Foch et de l’avenue Malakoff lorsque nous avons été heurtés à l’arrière par une autre voiture qui m’a envoyé dinguer dans la vitre de séparation (il était assez courant, à cette époque, qu’une vitre sépare la place du chauffeur des places arrière). J’ai perdu une dent ! ». Et cette anecdote, parce qu’elle est racontée le plus naturellement du monde, avec une forme de candeur et d’honnêteté, va engranger un autre souvenir : « Mais il me vient un souvenir encore plus ancien : gare de Saint-Jean-de-Luz, en compagnie de Marie-Rose… Les vacances étaient terminées et nous rentrions à Paris en train de nuit. Il devait être neuf ou dix heures du soir. Nos parents nous avaient placés tous les deux sur un lit pour que nous nous y reposions et je me vois très vaguement en train d’essayer de pousser Marie-Rose hors de son lit… Je ne devais pas avoir plus de trois ans. Quant à Marie-Rose, elle devait avoir un an. Je vois mal comment je pourrais faire ressurgir un souvenir plus ancien ! Il faut croire que celui-là m’a marqué. » raconte Didier Waller dans son ouvrage « Quelques souvenirs ». A l’époque où le narrateur revient sur ces souvenirs, il doit être âgé d’environ 85 ans. Son appétit de vivre est intact, voire augmenté par ses rencontres avec son écrivain biographe et l’édition de son livre.

Mais si nous privilégions le recours aux anecdotes pour la réussite d’un livre de vie, il ne faut pas négliger la demande de certains clients qui veulent également faire passer des messages en exprimant ce qu’ils ressentent, en transmettant leurs émotions. Dans ces cas, le style du texte se doit d’être beaucoup plus travaillé. Ce genre d’édition n’est pas trop fréquente, heureusement ! On peut en effet constater que ces récits ne reposent sur rien de concret, de faits à recevoir pour les enfants et petits-enfants. Il s’agit de recueil d’états d’âme, de pensées plus ou moins positives sur le temps qui passe, le vieillissement, les angoisses morbides, les ressentiments familiaux.

Un exemple intéressant est celui de la naissance d’un enfant, lorsque le client est devenu père pour la première fois : comment a-t-il géré cette émotion ? Quelles étaient les ambitions, les rêves, les projets à telle ou telle époque ? Comment l’avenir était-il envisagé ? Avec le recul, quels choix de vie professionnels et personnels ont été les bons.

Dans un livre de vie, il peut être intéressant également de partager les moments de doute, d’épreuve, de remise en question. Dans ce cas, nous nous éloignons du livre d’histoire que nous voulions raconter mais ce n’est pas grave. Expliquer comment ces moments ont été traversé mais surtout la manière dont ils ont été surmontés. Il peut s’agir, plus simplement, de donner son opinion sur les événements mondiaux, internationaux, nationaux, régionaux ou locaux. S’exprimer sur les thèmes les plus marquants de ces dernières années. Exemple : le Covid. Comment le narrateur a-t-il vécu cette pandémie, le confinement ? Ces questions très générales ne sont pas forcément très intéressantes pour celles et ceux qui vont les recevoir aussi est-il nécessaire qu’un bon niveau d’écriture soit au rendez-vous.

Quelles finalités donner au livre de sa vie ?

La première des finalités d’un livre de vie, consiste naturellement, pour le client ou la cliente, à transmettre le maximum de valeurs à sa descendance pour affronter le monde et ses difficultés. Sans sombrer dans le paternalisme basique ou les leçons de morale énervantes, il s’agit de livrer des outils qui vont s’imposer d’eux-mêmes, à travers le récit de plusieurs anecdotes. Ce n’est pas l’appréciation de l’action qui compte mais l’action elle-même. Plus le narrateur va s’en tenir à un exposé cru et sincère des faits, plus son message sera percutant et touchera les descendants mais surtout, en priorité, les petits-enfants. A l’inverse, plus le narrateur cherchera à enrober, à commenter son action, moins son message touchera son but. Il ne faut pas chercher à enrober un récit de vie, il suffit de le livrer tel quel. De même, il ne faut chercher à transmettre, il suffit de rester soi même, de déposer des souvenirs le plus simplement possible.

Autre finalité, autre perspective, le récit de vie va servir le narrateur lui-même. En exposant les faits de manière la plus honnête possible à son écrivain biographe, le narrateur va pouvoir prendre beaucoup de hauteur, envisager sa vie avec une nouvelle perspective, avec plus de recul. Un peu comme s’il était désormais capable de déposer sa vie sur un coin de table. Pour celui qui raconte par le détail tous ses souvenirs à l’écrivain biographe, c’est un moment tellement agréable, intense et fort en émotions.