Globalement, nous rencontrons deux types de demandes d’écriture de récits de voyage. La première concerne des personnes ayant déjà rédigé leur carnet de voyages, des prises de notes assez succinctes, écrites à la main ou rapidement tapées sur un smartphone. Dans ce cas, il s’agit de retravailler le texte en lui conférant davantage de fluidité, du liant et des transitions. Il faut apporter du rythme à un texte souvent télégraphique et peu incitatif. Rien n’est plus rébarbatif que des carnets sous forme de journal de bord, qui égrène les dates les unes après les autres.
Réécrire les notes d'un carnet de voyage
Optimiser des textes issus d'archives et documents anciens
Carnet de bord de l’Amiral de Coulens de 1889 à 1897, journal de la femme de chambre de la duchesse de Varennes au cours de son voyage aux Antilles, journal intime d’un arrière-grand-père parti combattre les Japonais en Indochine… les archives manuscrites ne manquent pas dans les greniers ou les caves des châteaux, manoirs et vieilles demeures des familles françaises. Au cours de successions ou de déménagements, certaines d’entre elles nous contactent dans le but de mettre au goût du jour et faire éditer ces vieux documents. Le travail d’archiviste, l’optimisation des contenus éditoriaux sont parfois conséquents mais le biographe s’y attelle avec plaisir lorsqu’il est également question de mener des interviews avec les descendants.
Reformuler des prises de notes et des brouillons
De nombreux clients nous contactent pour nous demander d’optimiser leurs prises de notes lors de leurs aventures à travers le monde. Il peut s’agir de textes écrits durant les dernières grandes vacances ou plusieurs dizaines d’années auparavant. Dans tous les cas, il faut rendre le récit attractif et agréable à lire pour les enfants et petits-enfants, futurs lecteurs de l’ouvrage.
Parmi les plus fidèles clients de Votre Biographie Editions avec laquelle il a édité six ouvrages, monsieur Ferry a dédié l’un de ses derniers livres au voyage. Son projet pédagogique se révèle passionnant. Chaque chapitre se consacre à une région du globe. Cartes géographiques à l’appui, analyses géopolitiques et évolution historique, rien ne manque. « Je me suis attaché à pénétrer dans la vie du pays, à présenter son histoire, ses structures, son économie, sa religion parfois, et les effets marquants de sa politique. En règle générale, tout ce qui était susceptible de conforter l’intérêt du récit, y compris quelques anecdotes personnelles. »
Depuis le début de notre activité en 2004, nous avons également édité de nombreux livres abordant exclusivement ou en partie le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. La plupart sous forme de carnets de route émanent de retraités, à l’instar de ce livre réalisé pour Marcel Gstalter en 2006 qui conclue de cette manière les quatre-vingt-treize étapes de son parcours : « Bonheur, quiétude, esprit de partage, tolérance, mais aussi souffrance physique dans un dénuement presque total, voilà ce que m’a révélé mon chemin de recueillement. Force est de constater à quel point le corps peut supporter ce que la tête a décidé. Mon souhait serait que tout un chacun puisse accomplir, même si ce n’est qu’en partie, ce chemin du bonheur. » Un ouvrage plein, vivant agrémenté de plus d’une centaine de photos.
C’est aussi une envie de revivre des moments de bonheur et faire rêver les autres, leur donner le goût du voyage grâce aux mots. Dans son livre autobiographique « Désirs d’ailleurs » , véritable ode à l’évasion, Claude Lhermitte nous donne l’eau à la bouche en évoquant sa nouvelle vie à la Martinique : « Je consacre mon temps à embellir les abords de l’appartement en plantant des arbustes à fleurs, des ixoras orange, des allamandas jaunes, des bougainvilliers roses dans le petit coin de jardin qui est devant l’entrée. Je me mets rapidement au rythme local : je coupe une noix de coco sur le cocotier d’en face pour me rafraîchir puis préparer un punch. »
Certaines aventures vécues autour du globe durant ces dernières années valent également de beaux romans. Comme ce client parti à vélo faire le tour de Chine, ou ce couple de retraité qui a décidé sur un coup de tête de faire le tour du monde à la voile. Les anecdotes sont légion et toutes truculentes. Pour les enfants et les petits-enfants ce sont de vrais cadeaux.
Ecrire un texte original avec son biographe
La deuxième forme de récit concerne des clients ayant conservé tous leurs souvenirs intacts qui veulent, pour la première fois, raconter ce qu’ils ont vécu dans le détail. Cette demande est naturellement la plus intéressante, pour le biographe, mais aussi pour les futurs lecteurs. Les émotions se délivrent, les anecdotes s’enchaînent. A la relecture, de nouveaux détails reviennent et les clients ont la possibilité d’effectuer des recherches pour peaufiner les contours de leurs descriptions. Pour des personnes âgées qui ont accès à Internet et l’utilisent régulièrement, cette étape s’avère très enthousiasmante.
Ecrire un récit personnel pour son mieux-être
Mieux qu’un livre d’histoire car personnel et humain, mieux qu’un guide touristique car historique et évolutif, le récit de voyage plonge très souvent les lecteurs dans une expérience spatio-temporelle. L’idée consiste à évoluer, voire à changer intérieurement, ce qui faisait dire à Marcel Proust : « Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux ».
Juliette a vite compris qu’il lui faudrait écrire ou faire écrire son voyage en Inde, particulièrement son séjour de deux mois à Calcutta où elle a travaillé bénévolement chez mère Térésa. Le premier jour de son arrivée dans la mégapole indienne, elle est saisie d’horreur. Extrait : « Les gens déambulent au milieu des voitures, il y a des vaches et des chiens errants partout. Un policier habillé à l’anglaise fait la circulation. La foule est très dense, on marche sur un grand trottoir vers ce qui ressemble à un monument. Par terre on manque d’écraser une grosse tête humaine, Marie pousse un hurlement. C’est un homme, pas de bras, pas de jambe, à peine un tronc et cette tête affreuse aux yeux exorbités, une bouche grande ouverte qui hurle et bouge dans tous les sens. Je suis fascinée, traumatisée par cette vision d’horreur mais je ne montre rien. Les gens passent à côté de la tête, ils s’en foutent, à peine s’ils ne marchent pas dessus ! Au retour à l’hôtel, Marie fait une tête épouvantable, elle ne peut pas se retenir. Moi je fais celle qui va bien, qui supporte, je prends sur moi ». En confiant tous les détails de son parcours indien à sa biographe, Juliette a pris beaucoup de recul, elle a mis ses perturbations à distance. Aujourd’hui, après ce travail, elle se sent apaisée.
Reprendre un récit de souvenirs anciens et oubliés
« Cela rend modeste de voyager, on voit quelle petite place on occupe dans le monde », écrivait Gustave Flaubert. Dans sa biographie, Marie-Rose, aujourd’hui centenaire, accorde une large place à ses voyages. Elle raconte comment, après la seconde guerre mondiale, elle organise de grands périples en Inde avec sa mère, devenue veuve. Passionnée par ce pays, elle séjourne plusieurs mois à Bénarès, la ville sainte du Gange, elle y filme des scènes de baignade dans le fleuve et bien sûr des crémations. Elle même célibataire, la jeune femme qui a été interprète au procès de Nuremberg poussera ses déplacements jusqu’en Nouvelle Guinée où elle rencontre une communauté de Papous, l’une des dernières tribus mangeuse d’hommes !
Pour ceux qui décident d’écrire leur récit de voyages, le visionnage de photos ou de vidéos engendre des souvenirs de plus en plus nombreux. C’est pourquoi le biographe se doit d’accompagner son client en l’aidant à effectuer des recherches iconographiques, quitte à fouiller avec lui dans la bibliothèque ou la cave si nécessaire. Car de belles histoires peuvent disparaître de la mémoire, il serait dommage de les laisser partir dans l’oubli.