Comment l'aventure Votre Biographie Editions a-t-elle commencé ?
À l’origine, je suis journaliste économique. Je me retrouve sans emploi au début des années 2000 et je m’interroge sur mon orientation professionnelle. Pour des raisons personnelles, il m’arrive alors d’aller dans des résidences du troisième âge et je me rends compte que les personnes âgées ont non seulement des tas de choses à raconter, mais que certaines d’entre elles souhaitent aussi en garder la trace. L’idée de la maison d’édition est née comme ça.
J’ai passé une annonce dans la presse nationale et les demandes ont afflué. Je me suis retrouvé à Bordeaux, Paris, Marseille en train de recueillir les souvenirs d’inconnus. Depuis, la maison d’édition s’est étoffée. Elle a aujourd’hui 105 auteurs. Nous publions entre 80 et 100 récits par an. Mais il s’en écrit probablement des centaines chaque année en France.
Les premiers sont très souvent des écrivains publics qui ont déjà l’expérience du récit biographique, mais pas seulement. Il y a aussi des enseignants, des journalistes ou d’autres profils professionnels qui aiment écrire et recherchent une activité d’appoint, sachant qu’on ne s’enrichit pas en écrivant des biographies familiales.
Les clients sont souvent les enfants ou petits-enfants de personnes âgées qui souhaitent leur faire un cadeau. Le cadeau n’est pas toujours le bienvenu d’ailleurs, tout le monde n’a pas forcément envie de raconter sa vie devant un type qui prend des notes. Beaucoup de clients sont issus de la classe populaire ou de l’immigration. Curieusement, je note que les motivations diffèrent du nord au sud. A Avignon, à Marseille, les gens veulent se raconter personnellement. Dans l’Est, ils veulent d’abord raconter une histoire familiale.
Qu’est qu’une biographie familiale ? Pourquoi écrire ses mémoires ? Vers qui faut-il adresser le récit de sa vie ? Rien ni personne ne peut vous obliger à raconter votre vie mais à un moment précis de votre existence, le besoin se matérialise : une nécessité plus qu’une envie, un besoin irrépressible de dire ce qui a été, les faits réels et non plus des histoires racontées par des tiers. Peu importe l’âge, il n’y en a pas pour révéler la réalité d’un vécu personnel. Il ne faut jamais laisser les autres raconter votre vie à votre place, comme ils pensent qu’elle a été vécue. A 50 ans, 60 ou 80 ans, le besoin de délivrer la vérité ne peut attendre. Bien sûr, il est toujours possible de jeter sur le papier des morceaux de phrases, des mots pêle-mêle, des idées et des concepts mais cet amas verbal va vite vous sembler indigeste. A force de le lire et le relire plusieurs fois, en tournant et retournant sans cesse les mots dans tous les sens, on finit par perdre pied et confiance en soi. L’exercice de l’écriture stérile et improductive finit par se retourner contre vous-même: l’écriture est un jeu dangereux, il ne faut s’y frotter lorsqu’on ne possède pas les outils.
Avant de vous perdre, faites appel à un auteur professionnel, de l’écriture bien sûr mais aussi de la biographie : un écrivain biographe. Non seulement cet auteur manie le stylo avec aisance mais en plus elle s’imprègne délicatement de vos histoires, s’applique à les retranscrire le plus fidèlement possible et jamais ne les souille de ses pensées et autres divagations personnelles. L’écrivain biographe familial se met en retrait, il soutient son interlocuteur, l’aide à accoucher de tout ce qu’il veut raconter depuis des années, des décennies. Jamais il ne juge et ne s’interpose. A la rigueur, il peut donner des conseils, des recommandations. « Peut-être, et compte tenu de ce que vous avez raconté au sujet de votre fils telle ou telle page, ne faudrait-il pas mieux présenter cette anecdote sous cet aspect plutôt que celui-ci ? » Résolument empathique, humble et au service de l’autre, il essaie toujours de faire le bien, de raconter votre histoire de manière à ne jamais aggraver des situations familiales profondément ancrées dans le négatif.