Comment créer un lien intergénérationnel dans un livre ?

Traditions, rites, généalogie, culture… les thématiques de l’intergénérationnel revêtent de multiples formes. Le mieux consiste à les énumérer sous forme d’anecdotes.

La transmission intergénérationnelle constitue le fondement même de Votre Biographie Editions, ce pourquoi l’entreprise a été créée il y a vingt ans. A l’origine, il s’agissait de montrer aux jeunes générations la manière dont leurs ancêtres vivaient au début de 20ème siècle. « Nos personnes âgées vivaient à des années-lumière de nous », s’exclame un jeune lecteur qui a récemment découvert le livre de ses grands-parents. Le but d’un livre de ce type consiste à promouvoir les échanges et à renforcer la compréhension entre les générations, à créer du lien intergénérationnel.

Certes, dans le cas d’un livre biographique, le rapport ne se fait que dans un seul sens : des anciennes générations vers les récentes. Tandis que dans un lien entre générations, on peut avoir des personnages issus de différentes générations qui interagissent étroitement et en réciprocité, qui partagent des expériences. Exemple : une personne âgée enseigne son savoir et partage ses souvenirs à son petit-fils alors que ce dernier initie son grand-père aux nouvelles technologies et aux perspectives techniques du monde moderne. Dans un livre de biographie, la diffusion intergénérationnelle ne se dirige donc que dans un seul sens.

Les personnes âgées partagent leurs expériences avec les enfants

Le style employé à la première personne du singulier va refléter exactement la personnalité du biographié et donc exprimer le fossé langagier entre les deux mondes, celui d’aujourd’hui et celui d’hier. Les correctrices doivent faire attention à ne pas se méprendre sur ce qui pourrait avoir l’air d’erreurs syntaxiques alors qu’il ne s’agit en réalité que d’expressions ancestrales. C’est pourquoi les lectrices et correctrices de Votre Biographie Editions ont beaucoup d’expérience, elles ne sont que rarement de jeunes professionnelles, elles travaillent habituellement depuis plus de quinze ans dans ce domaine. Surtout, elles sont habituées au style du récit de vie. En aucun cas, elles ne vont interférer dans le lien précieux qui existe entre les générations.

Et puis, les narrateurs ne souhaitent pas voir leur phrasé, leur langage dénaturé, même s’il s’en trouve optimisé sur le plan stylistique. Nous avons déjà dû interrompre des contrats de biographie parce que justement les biographes avaient tendance à optimiser un style lourd et rugueux d’anciens paysans qui avaient arrêté l’école après le cours moyen.

Pour ces grands-pères nés dans les années 30, il fallait restituer et diffuser un style authentique, expression de leur personnalité, à leurs petits et arrières petits-enfants. Pour eux, seuls comptaient les anecdotes qu’ils ont, les idées qu’ils ont eues dans leur vie et qu’ils ont envie de partager

Qui plus est, l’emploi d’un style au plus près de la personnalité peut générer des passages cocasses et drôles, par l’emploi d’expression désuètes et complètement oubliées. Les différences de langage entre les générations sont légion. Elles génèrent souvent des malentendus qui nécessitent des explications, ce qui permet aux générations de chercher à mieux se comprendre. Ces interactions légères se développent et se construisent dans un climat souvent rempli d’humour.

Les jeunes générations et les séniors se découvrent des liens précieux autour d'activités

Il arrive assez souvent dans ces récits intergénérationnels que le protagoniste relate des faits qui ont été vécu plus tard par ses enfants et aujourd’hui par ses petits-enfants. Il s’agit par exemple des épreuves sportives. « A cette époque, mon vélo devait peser plus 12 kilos, on était loin des formule 1 d’aujourd’hui tout en carbone que l’on soulève avec un petit doigt ! D’ailleurs, il y a quelques années, j’ai proposé à ton père de gravir le mont Ventoux avec cette vieille bécane qui était la mienne. Figure-toi qu’il est arrivé très difficilement au sommet en tirant la langue ! », écrit ce grand-père dans son livre à l’attention de ses petits-enfants. Voici un bel exemple d’un défi similaire dans des contextes historiques différents.

Autre exemple expliqué par Jean-François, grand-père de 10 petits-enfants et arrière-grand-père de 28 arrière-petits-enfants : « Lorsque ma chérie est partie avec ses parents six mois au Vietnam et au Cambodge, nous nous écrivions au moins une lettre par semaine. Parfois sur du papier à lettre classique, parfois sur des cartes postales. Vous, les plus jeunes, vous ne pouvez pas comprendre le plaisir que l’on éprouvait à l’ouverture de l’enveloppe. C’était comme si nous ouvrions une porte magique derrière laquelle nous basculions dans un univers incroyable. Aujourd’hui, vous vivez dans l’instantané, il n’y a plus de mystère. A peine avez-vous vu quelque chose que vous le diffusez sur les réseaux sociaux ou dans des messages. Mais j’ai l’impression que certains jeunes redécouvrent le plaisir de l’écriture, il parait qu’il y a une mode consistant à écrire des cartes postales. En plus des messages instantanés bien sûr ! »

Ces faits parallèles vécus à des époques différentes sont légion dans une biographie de qualité. Ils sont vraiment nécessaires pour rendre le récit attractif et incitatif auprès des jeunes. En résumé, le passé de la personne âgée va éclairer les choix du jeune.

La création d’un lien intergénérations peut également se concrétiser autour d’ateliers d’écriture et d’animations au sein d’une maison de retraite. L’idée qui s’est beaucoup développée ces dernières années consiste à faire participer en même temps des personnes âgées et des enfants (classe de CM1 ou CM2) autour d’événements précis. A l’occasion de la parution de notre livre sur les loisirs d’antan (« Souvenirs en Abondance », mars 2004), nous avions fait participer jeunes et vieux sur la thématique des loisirs. L’intérêt était toujours plus fort lorsque les protagonistes échangeaient sur un même loisir. Le football bien sûr, mais aussi le rugby et le tennis pour le sport. Autres loisirs partagés : la modélisation, la philatélie et les puzzles passionnent également les jeunes et les personnes âgées.