En tant qu’handicapé, il s’agit de prouver une capacité à rayonner, à transmettre un message. L’écriture peut être longue et laborieuse mais toujours réalisable, en témoigne certains clients qui n’ont communiqué qu’en bougeant une partie de leur corps.
Quant aux proches des handicapés, ils sont très nombreux à vouloir envoyer un message d’espoir à ceux qui vivent des situations similaires.
L’écriture pour témoigner, s’ouvrir au monde
Mais il s’agit aussi, pour des familles, pour des proches, de raconter leur vie aux côtés d’une personne souffrant d’un handicap. Cette situation concerne la maman d’un fils myopathe, de la compagne d’un aveugle, d’une famille supportant un parent atteint de la maladie de Charcot… Laurent Rodriguez qui est resté en vie presque trente ans avec cette maladie dont on meurt en moyenne au bout de trois ans, demeure notre client le plus emblématique de cette volonté de témoigner. En 2007, il écrivait : « Je suis malade depuis 1992, atteint d’une sclérose latérale amyotrophique. Lorsque c’est arrivé, le corps médical m’a donné une espérance de vie qui n’excédait pas quelques mois (…). Aujourd’hui, je suis privé de toute autonomie corporelle. Un ordinateur sophistiqué, par le biais d’un capteur fixé au niveau de mon genou droit, que j’arrive à faire tressauter, me permet d’écrire avec lenteur ces lignes, ainsi que celles qui me permettent de communiquer au quotidien avec mes proches. Imaginez : depuis plusieurs années, à cause de cette maladie, tous mes muscles m’ont abandonné. Désormais, aucun d’entre eux ne répond aux commandes de mon cerveau. Je suis constamment immobile. Je ne peux plus parler, et je suis médicalement assisté pour toutes les fonctions vitales : un appareil me fait respirer, un autre me fait manger directement par l’estomac, et, outre le léger va-et-vient dont est capable mon genou, je ne peux mouvoir que mes paupières. Je suis sûr que vous ne m’imaginiez pas comme cela.