Contrairement à la biographie qui tend à couvrir la période complète de la vie, les mémoires peuvent se focaliser sur une période précise et limitée dans le temps, par exemple l’enfance, la jeunesse mais aussi sur un domaine d’activité ou une thématique donnée comme la profession, la famille, le lieu de vacances…
Selon nous, le critère le plus important de l’exercice réside dans l’exhaustivité du contenu éditorial. Plus le texte visera la précision, plus il sera intéressant et captivera le lecteur. Et même si le seul lecteur final du texte ne devait être que l’écrivain lui-même, la précision du message exercerait sur lui une grande satisfaction, voire une jubilation.
Ecrire le texte soi-même et le faire optimiser par un écrivain biographe
Peu importe que vos mots forment de belles phrases, cela n’a aucune espèce d’importance. Idem, inutile de former vos mots, les abréviations seront suffisantes. Lorsque vous êtes parvenu à enchainer une dizaine d’actions à la suite, vous tiendrez alors le récit complet d’une anecdote. Il peut s’agit de votre première grosse bêtise d’enfant, de votre découverte d’un secret ou de la description de l’appartement familial.
Ce récit complet tiendra peut-être en une page, un peu plus sans doute. C’est à ce moment qu’il est possible de faire une pause et de se relire. Reformez les mots, réassemblez les phrases de manière à tenir un ensemble lisible, cohérent mais surtout, ne cherchez pas à améliorer le style. Peu importe les répétitions de mots, les erreurs de syntaxe, les fautes épouvantables de grammaire, laissez tout tel quel et passez à une nouvelle anecdote, au récit d’une nouveau souvenir.
Quatre ou cinq jours à ce rythme d’écriture suffisent en général au sujet pour se sentir fier de son travail. Epanoui, libéré, il se sent soulagé. Pour la première fois de sa vie, il a la sensation de survoler son vécu avec détachement, clairvoyance et bienveillance. Ce travail vaut bon nombre de séances de psycho thérapie ! Le mieux-être aidant, il va reprendre son travail avec plus d’envie et d’énergie, parfois dans un élan quasi frénétique. Au bout d’une quinzaine de jours, il a écrit l’essentiel de la matière première de ses mémoires. Il reste maintenant à relire une nouvelle fois et à intégrer de nouveaux souvenirs qui n’étaient pas revenus à la surface lors du premier passage.
Le contenu posé sur le papier, le sujet peut désormais décider de s’atteler à une tâche éminemment plus technique : l’optimisation de son texte. C’est le travail d’écriture à proprement dit qui va commencer. Jusqu’à présent compréhensible pour lui-même, ce texte va le devenir pour les autres. Mieux, il va les intéresser ! Pour mener à bien cette nouvelle phase de l’écriture, il faut vraiment posséder un réel talent d’écrivain. C’est justement à ce moment que le sujet renonce à effectuer le travail lui-même et fait appel à une plume professionnelle.
Se faire interviewer par un biographe
Deuxième possibilité, de loin la plus simple et la plus agréable, confier ses souvenirs à un écrivain biographe qui les enregistre et les écrit au fur et à mesure des interviews. Le choix de l’auteur et biographe est fondamental car il n’est pas envisageable de confier ses mémoires à une personne avec laquelle la confiance n’est pas totale.
Contrairement à la première possibilité, le recours à un biographe n’est pas gratuit. Et s’il s’avère moins fatigant de parler à quelqu’un, il est néanmoins moins gratifiant de demander à quelqu’un d’autre que soi de recueillir ses mémoires.
Le rôle du biographe spécialisé en récit de vie consiste d’abord à encadrer la période des mémoires puis à déterminer le rythme des séances d’enregistrement.
L’un des récits les plus fréquents porte sur les mémoires d’enfance. Bon nombre de personnes âgées, en majorité des hommes de plus de quatre-vingts ans, se concentrent avec beaucoup d’énergie sur cette période charnière de leur vie. Il n’est pas rare de les voir pleurer à l’évocation de ces moments, surtout lorsqu’ils parlent de leurs parents. Car ces hommes nés à la fin de la guerre ont été énormément marqués par leur éduction. Leur émotivité, du fait de leur âge, ressurgit subitement. Le biographe ne se laisse pas déborder, il a l’habitude et prend le recul nécessaire, avec gentillesse et patience. Pour ces clients qui n’ont évidement jamais été chez le psy, ce genre de séance les libère d’un poids très important. A la suite, ils se souviennent encore plus facilement…